Au début, ce n’était qu’un bruit de couloir, mais par la suite, la rumeur s’est avérée une réalité. Aujourd’hui, il est là ! Le chèque psy est parmi nous. Mais qu’en est-il vraiment de ce chèque psy pour les psychologues ? Est-ce une bonne ou une mauvaise idée pour les étudiants et pour les psys ?
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Le CHÈQUE PSY, c’est quoi ?
Depuis le 1er février 2021, le « chèque psy » permet aux étudiants de consulter un psychiatre ou un psychologue gratuitement. Ce dispositif a été mis en place afin de les aider à accéder plus facilement à des professionnels de santé. Car on le sait, en tant qu’étudiants, les moyens financiers ne sont pas souvent au rendez-vous !
Ce dispositif peut sembler tout à fait honorable, surtout en cette période de crise sanitaire où les jeunes sont souvent isolés. D’ailleurs, nous parlons beaucoup de la dégradation de la santé liée au coronavirus mais la santé mentale en prend un coup elle aussi ! Il est donc important de ne pas la négliger. C’est ce que le chèque psy tente de mettre en avant.
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Alors qu’est-ce que le chèque psy ?
Il a pour objectif de permettre aux étudiants d’avoir droit à trois séances de 45 minutes chez un psychologue, psychothérapeute ou psychiatre gratuitement et sans avance de frais. C’est en réalité un forfait virtuel qui est accordé aux étudiants.
Attention : tous les psychologues ne sont pas adhérents ! Seuls ceux inscrits sur la liste des psychologues partenaires acceptent le chèque psy. Autrement dit, pour les psychologues, rien ne vous obligent à adhérer à ce dispositif. Si vous souhaitez y adhérer, il vous suffit de vous y inscrire.
Tout ça parait bien beau mais… Comment doivent faire les étudiants pour savoir à qui s’adresser ? Et comment fonctionne le chèque psy pour les psychologues ?
Le chèque psy : une bonne initiative pour les jeunes isolés
Avec la crise sanitaire, le gouvernement n’avait pas d’autre choix que d’agir pour la population. En effet, on ne sait que trop peu l’impact psychique que le coronavirus a sur les étudiants. L’isolement des jeunes avec des cours à distance et des restrictions sociales génère une montée en flèche des troubles anxieux et dépressifs. Il est donc tout à fait légitime et raisonnable d’agir ! Le chèque psy vient alors soutenir les étudiants dans ces temps difficiles.
Les étudiants qui souhaitent bénéficier de ce dispositif doivent faire une demande auprès du médecin généraliste. Cela leur permettra de bénéficier d’un forfait de trois séances gratuites.
Une démarche qui peut grandement faciliter le parcours de soin et de prise en charge.
MAIS…
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Et les psychologues dans tout ça ?
1. Un travail sans rémunération (ou presque)
Malheureusement, cette bonne nouvelle n’est pas sans conséquence ! Dans sa bienveillance envers la population, notre gouvernement nous a oublié dans l’équation…
Sans consulter le SNP (Syndicat National des Psychologues), le gouvernement a fixé lui-même le montant des consultations l’estimant à 30€ (soit 7 à 10€ après déduction des charges !!). Des tarifs indécents pour les psys !
Aider les étudiants, c’est très bien, mais dévaluer le travail des professionnels de santé, NON ! Ces tarifs sont une honte à la reconnaissance de notre profession.
Ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’outre le fait que nous serions payés au SMIC (et encore) après nos nombreuses années d’études, nous avons les charges du cabinet, les temps de comptabilité et d’administratif qui eux ne sont pas payés, etc. Autrement dit, nous travaillerons presque gratuitement !
> Pour plus d’informations sur les salaires et le métier de psychologue regardez la vidéo Tout savoir sur le métier de psychologue
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2. 3 séances et c’est terminé !
D’autre part, on peut s’interroger sur le choix de 3 séances. Pourquoi seulement 3 ? La gratuité permet à l’étudiant de commencer à entamer un travail thérapeutique et après quoi ? En 3 séances, tout se règle ?! Si les étudiants n’avaient pas d’argent avant le chèque psy, il n’en auront pas non plus après ! Imaginez alors la frustration des étudiants lorsqu’ils se voient obligés d’arrêter le suivi… Leur isolement et leurs troubles anxieux et dépressifs, eux, sont toujours présents après les 3 séances…
Et puis, on va être lucide, trois séances sont largement insuffisantes ! Si aide il doit y avoir, pourquoi ne pas prendre en charge la thérapie dans son intégralité ? Pourquoi ne faire les choses qu’à moitié ?
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3. Des psys surchargés avec la pandémie
Enfin, il faudrait mettre le doigt sur notre capacité d’accueil. Depuis la pandémie, le nombre de consultations à considérablement augmenté. Le climat anxiogène a généré des troubles anxieux et dépressifs chez certains et les a renforcé chez d’autres. Alors comment prendre en charge les étudiants bénéficiant d’un chèque psy quand nous sommes nous-mêmes surchargés ?
En France, il existe de nombreuses structures d’accueil proposant des services gratuits. Mais ces structures croulent littéralement sous les demandes (sans parler des délais d’attente de plusieurs mois voire plusieurs années…). Alors devant cette réalité, les gens se tournent vers les professionnels en libéral. Mais les temps d’attente commencent à se faire sentir aussi de ce côté-là…
> Vous pouvez aller voir mon article Les démarches pour s’installer en libéral
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Et si on apprenait du passé ?
Alors que faire ? Comment réagir face à cette demande dix fois plus importante que l’offre proposée ? Pas sûre que brader ce travail soit le plus adapté… Surtout que peu de psychologues vont adhérer à ce dispositif au vu des conditions…
Lorsqu’un patient consulte un psy, il a en face de lui quelqu’un qui lui donne 100% de son attention, de son écoute, de sa présence ; et non 50%. Alors pourquoi le faire avec le chèque psy ?
Plutôt que de brader nos honoraires, que de pousser les psys dans nos derniers retranchements, et de nous pousser au burnout, changeons les choses ! (Un peu utopique je sais mais l’espoir fait vivre !).
Ne serait-il pas préférable de renforcer les structures déjà existantes ? De s’engager davantage dans des processus de soutien, de support des équipes et d’encourager les jeunes à se former pour augmenter les effectifs ?
Apprenons du passé. Apprenons pour mettre en place de meilleures structures et de meilleures conditions de travail. Le chèque psy est une bonne initiative mais la mise en pratique me semble totalement déconnectée de la réalité, et c’est bien dommage…
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